vendredi 22 mars 2013

Conférence - aux origines de la Fantasy


vendredi 22 mars 2013 - Salon du Livre de Paris
L'univers de la Fantasy a une longue histoire. Depuis l'antiquité, des mondes magiques peuplés de créatures mythiques nourrissent notre imaginaire. Quels sont nos mythes contemporains ? Qu'est-ce qui relie la «Faërie » de J. R. Tolkien telle qu'il la désignait lui-même aux nouvelles formes que prend l'écriture fantastique ?

Avec : Olivier PERU (J'ai lu), Pierre PEVEL (Bragelonne), Thibaud ELIROFF (J'ai lu), André-François RUAUD (Folio).
Animé par Jean-Luc RIVERA

Compte-rendu de la conférence :

Les présentations sont faites, tout le monde s’installe et fait silence. Commençons par une définition de la fantasy par A-FR.

D’où nous viens ce terme de Fantasy ? c’est un savant mélange de fantastique et de fantasme, tout simplement.
La définition de la Fantasy est plutôt récente puisqu'elle date des années 60, avec le Seigneur des Anneaux de JRR Tolkien. Un petit éditeur américain avait voulu reprendre les droits de publications de la célèbre trilogie mais mal organisé, l’affaire lui passe sous le nez. Cet éditeur décide alors de rééditer de vieux textes anglais. Comme les récits bretons, ceux de Chrétiens de Troy ou les contes de Perrault mainte fois repris, ces textes regorgent d’aventures et de merveilleux. Aux XIXe/XXe siècles ces contes et textes deviennent des romans. Aux États-Unis, le premier grand succès, et toujours un modèle, est le Magicien d’Oz.

Après cette introduction sur l’histoire de la Fantasy, Thibaud Eliroff nous décrit les divers genres de Fantasy :

L’heroic-Fantasy est, quant à elle, un genre aussi vieux que le monde, puisque les premiers textes anciens, comme la bible, dépeignent des morales agrémentées de merveilleux, d’imaginaire.
Dans la Fantasy urbaine, le héros principal est dans notre monde réel, mais il comprend les phénomènes magiques qui s’y passent (un genre que l’on rapproche de la Bit-Lit).

En France, nous voyons surtout la Fantasy comme un univers médiéval fantastique. Bien plus simple que ça, c’est un univers qui est compris naturellement par le narrateur et les personnages, à la manière des univers de Tolkien.
Quelques exemples de pure Fantasy avec de grands auteurs :

  • GRR Martin (le trône de fer) : Un univers médiéval qui se base surtout sur des événements historiques du monde créé. L’auteur s’est bien plus basé sur l’histoire que le développement de la magie.
  • Robin Hobb (l’Assassin royal) : Les femmes sont bien moins représentées parmi les écrivains de Fantasy, cependant Robin Hobb enchaîne les succès littéraires. Ses univers sont plus centrés sur la psychologie des personnages, leurs réactions par rapport à leur monde, les personnages y sont plus humains et sensibles.


Ce qu’il y a de remarquable chez les américains (qui dominent la Fantasy), est leur capacité à imaginer des univers basés sur une histoire qu’il ne connaissent pas. Leur pays n’a que quelques siècles, trop jeune pour avoir connu le Moyen-âge. Pourtant, le Trône de Fer (Game of Thrones) remporte un énorme succès sur le vieux continent !

Olivier Peru enchaîne sur sa manière de concevoir la Fantasy, notamment grâce à l’exemple des Hauts-Conteurs. On retrouve certains codes universels dans la Fantasy (dragons, châteaux, nains, elfes...). La Fantasy permet de jouer avec tous ces événements et personnages, mais il faut rester dans les limites connues de l’univers, jouer avec des règles cohérentes.
L’autre chose très importante, en dehors des limites, ce sont les personnages, car ce sont eux qui font vivre le récit, ils on leurs faiblesses et ne sont pas capables de tout. Le héros, un homme seul avec ses faiblesses, peut cependant tout renverser... tant que c’est crédible !

Pierre Pevel enchaîne alors sur sa vision de la Fantasy. Il est l’auteur des Lames du Cardinal, un roman de Fantasy qui se veut historique et qui se définit dans le même univers que les Trois Mousquetaires de Dumas. Pour lui, le roman historique est très lié à la Fantasy. Le folklore de l’époque peut être très facilement mis en scène, car il reçoit l’appuie des écrits bibliques : oui, dans la bible on trouve dragons et autres faunes ! Le but du jeu est d’y faire croire en donnant des détails, en étant cohérent (cause/conséquence), si une action est impossible mais que la réaction est humaine, alors le lecteur peut y croire, car il y a une cohérence entre l’univers et la psychologie.

Ces deux témoignages d’auteurs confirment donc que ce qui donne sens à la Fantasy, c’est la crédibilité qui s’acquière par la cohérence, il faut poser les limites. Ainsi, moins de la moitié de ce qui a été imaginé par l’auteur se retrouve dans le livre, l’autre moitié est pensée mais non dite : quelles sont les saisons, où se lève et se couche le soleil, comment s’est formé l'univers.... Mine de rien, le hors-champ est là.

Il est un type de fantasy qui a fait parlé de lui : l’Urban Fantasy. Comme l’indique le nom on est dans un univers proche du notre, moderne. La trame est moins historique que policière. On observe une évolution du traitement de la magie, souvent, elle n’est pas innée pour le personnage principal, il y a un processus d’apprentissage (par la langue, la science, la pratique). On y range souvent la Bit-lit.
Si vous cherchez de quoi lire, Ben Aaronovitch et Kate Griffin sont des maîtres du genre.

Mais aujourd’hui, le nouveau genre c’est le rétro. On parle du style Victorien de nos amis anglais croisé à l’univers de Jules Vernes et des inventions : le Steampunk ! De nombreux ouvrages arrivent chaque jour (on vous recommande d’ailleurs Le Protectorat de l’Ombrelle !). Folio nous  a d’ailleurs annoncé avoir passé commande pour un ouvrage sur Paris au XIXe siècle... version Steampunk !

Pour finir, Thibaud Eliroff nous parle des perspectives commerciales : dans les années 90-2000 le genre a connu un boom, notamment grâce au Seigneur des Anneaux et à Harry Potter : le cinéma a participé à cette explosion du genre. On sent tout de même une forte concentration du genre chez les anglo-saxons, on importe, on traduit. Mais aujourd’hui, de plus en plus, les français gagnent du terrain, voire toute l’Europe. On essaye de se détacher des critères.

L’avis d’Adèle :
Pour moi, qui connais plutôt bien l’univers du fantastique et de la fantasy en tout genre, cette rencontre fut enrichissante pour les intervenants. Il est vrai que je connaissais mal le fonds des éditions J’ai Lu, surtout en fantasy, et cela m’a permis de (re)découvrir des auteurs. Cependant, la description des différents types de fantasy ne m’a pas éblouie, étant déjà très claire pour moi. Je pense qu’il s’agissait plus ici de convaincre les récalcitrants à la fantasy et quelque part “d’officialiser” le genre . Les intervenants ont selon moi, tout de même réussi à intéresser un plus large public à la fantasy, qui n’est pas  un genre “facile” (à écrire et à lire) comme beaucoup le croient, mais au contraire très creusé et qui demande un grand travail de fond.
Par ailleurs, les auteurs ont aussi parlé de leurs collègues outre manche et outre atlantique, car les intéressés le savent, ce sont les pays les plus prolifiques dans  le genre.

Quelques points négatifs : selon mois la place de la France et de l’Europe dans ce milieu littéraire n’a été que très très peu abordée. J’aurais souhaité un peu de cocorico et savoir où se situait l’hexagone dans la littérature fantasy.

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